Thursday, May 25, 2017

Grèce, 02/01/2016

Bonjour à tous,

Après une longue interruption, un petit retour, en ce début 2016 sur la situation en Grèce, en tout cas telle qu’observée et analysée par différents sites.

Pour rappel, après avoir dû, en juillet-août, accepter un nouveau plan d’austérité imposé par les créanciers européens dans les conditions qu’on sait, Alexis Tsipras avait dû passer par les urnes tant ce plan était contraire aux engagements pris dans le cadre du
référendum qu’il avait lui-même organisé début juillet.

Déboussolés par de tels revirements, les électeurs n’ont pourtant pas complètement désavoué Tsipras. Il faut rappeler aussi les incohérences de ces électeurs, qui d’une part souhaitaient que Tsipras dise non aux exigences de créanciers, mais en même temps ne souhaitaient absolument pas sortir de l’euro. Tsipras, qui n’a pas voulu tenter des scénarios de défaut sur la dette tout en restant dans l’euro, - ce qui ‘était pas techniquement impossible -  , a donc joué « les circonstances atténuantes » et l’impossibilité de faire mieux dans la pression dans laquelle il se trouvait. Il s’est présenté comme celui qui pourrait le mieux protéger le peuple dans les séquences pénibles qui allaient suivre les années prochaines.

Mais c’est avant tout l’abstention qui a gagné ce scrutin.

Le parti de Tsipras, expurgé de ses opposants internes, est arrivé en tête des suffrages, mais en perdant 600 000 voix et n’ayant pas de majorité absolue.

Les autres partis n’ont pas fait mieux, tous ont perdu des voix.

Seul le nouveau parti de gauche, issu des opposants internes de Syriza, a gagné, mais loin de ce qu’il escomptait, et ne pouvant en aucun cas constituer une alternative crédible.

L’extrême droite d’Aube dorée n’a quasi pas  ou peu progressé

Tsipras a tout de suite reconstitué la même alliance gouvernementale avec le parti de droite nationaliste des Grecs indépendants.

Syriza et Tsipras ont vite très vigoureusement évincé  toute forme de contestation interne, dans le parti comme au Parlement. Ainsi, même sur le site web du parlement ont été effacées toutes les mentions relatives au travail important d’audit de la dette publique.

D’octobre à aujourd’hui, se sont déroulés ensuite plusieurs épisodes de négociation sur la mise en vigueur du nouvel accord passé avec les créanciers, ceux-ci examinant à la virgule près toutes les dispositions mises en œuvre en Grèce.

D’une part le parlement a été sommé de voter , parfois en une journée, des textes nombreux dont il avait à peine le temps de prendre connaissance – pratique vivement dénoncées jadis par Tsipras et Syriza lui-même.
D’autre part, l’accord de l’été donne aux créanciers un droit de regard et d’autorisation sur toute mesure adoptée par le gouvernement grec « dans les domaines visés par l’accord et susceptible de concerner financièrement celui-ci », ce qui veut dire qu’à peu près toute la politique économique, sociale, fiscale, etc… est concernée. C’est donc une mise sous tutelle effective et très ample de la Grèce.

Chaque tranche de nouveau financement est délivrée par les créanciers seulement s’ils ont préalablement donnée leur aval sur les mesures à mettre en œuvre. 

Les avis divergent sur ce que Tsipras et son gouvernement sont capables de faire dans un tel contexte.

Pour les uns, Tsipras a  carrément renoncé à toutes ses promesses et trahi ses électeurs. La catastrophe sociale et économique va se poursuivre au risque, et cette fois sera la bonne, de voir émerger  l’extrême droite dans un chaos grandissant.

Une variante de cette approche est la désertion de la scène politique , économique et sociale de larges pans de la population cherchant, dans l’illégalité , le noir ou le gris, de multiples alternatives de vie et survie (sans oublier la poursuite de l’émigration). 

Pour d’autres par contre, Tsipras et son gouvernement essaient et réussissent parfois à limiter au maximum la casse, dans un contexte évidemment d’avance très défavorable, et c’est surtout lorsque viendra (en principe sous peu, si ça arrive…) une renégociation de la dette, qu’on verra le bilan global de la stratégie de Tsipras, qui serait la seule possible dans l’état actuel des choses.

Les dernières nouvelles ne sont pas particulièrement réjouissantes pour Tsipras (et pour ls grecs…) . S’il a obtenu, dans toutes ces négociations de l’automne, quelques concessions, les créanciers sont toujours restés vagues sur le début d’une renégociation de la dette.
Selon un Ministre, ils attendaient les élections espagnoles, ne voulant pas donner des idées de ce côté-là.

Par ailleurs, les résultats économiques du troisième trimestre sont mauvais.

Enfin, cerise sur le gâteau (si on peut dire), alors qu’un argument important de la posture de Tsipras - « je limite la casse et défend les plus faibles » - était le plan qu’il défendait comportant une série de mesures relatives à des minimas de survie , ce plan vient d’être impitoyablement recalé par les créanciers.  C’est l’objet de l’excellent article d’Angélique Kourounis que vous trouverez ci-joint en trois documents attachés, ainsi que du très complet article sous ce lien :



qui vous permettra aussi une bonne récapitulation.

Par ailleurs, vous trouverez sous ce lien :



une série d’articles , engagés mais toujours intéressants, qui permettent de reconstituer ces derniers mois.

Trois publications à relever :

-          Un nouveau rapport de l’ONU sur les infractions aux droits humains, économiques et sociaux en Grèce



-          Un ouvrage qui semble un récapitulatif remarquable de ces 5 dernières années



-          Enfin, le numéro 8 de la publication « les Possibles » , consacré à la Grèce,  https://france.attac.org/nos-publications/les-possibles/numero-8-automne-2015, au sein duquel
je vous recommande l’article  « Sortir la Grèce de l’impasse : pour un modèle de développement des activités productives » de notre ami Gabriel Colletis .


Bien à tous et excellente année quand même…

Marc Molitor

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