Bonjour à tous,
Après une longue interruption, un petit retour, en
ce début 2016 sur la situation en Grèce, en tout cas telle qu’observée
et analysée par différents sites.
Pour rappel, après avoir dû, en juillet-août,
accepter un nouveau plan d’austérité imposé par les créanciers européens
dans les conditions qu’on sait, Alexis Tsipras avait dû passer par les
urnes tant ce plan était contraire aux engagements
pris dans le cadre du
référendum qu’il avait lui-même organisé début juillet.
Déboussolés par de tels revirements, les électeurs
n’ont pourtant pas complètement désavoué Tsipras. Il faut rappeler aussi
les incohérences de ces électeurs, qui d’une part souhaitaient que
Tsipras dise non aux exigences de créanciers,
mais en même temps ne souhaitaient absolument pas sortir de l’euro.
Tsipras, qui n’a pas voulu tenter des scénarios de défaut sur la dette
tout en restant dans l’euro, - ce qui ‘était pas techniquement
impossible - , a donc joué « les circonstances atténuantes »
et l’impossibilité de faire mieux dans la pression dans laquelle il se
trouvait. Il s’est présenté comme celui qui pourrait le mieux protéger
le peuple dans les séquences pénibles qui allaient suivre les années
prochaines.
Mais c’est avant tout l’abstention qui a gagné ce scrutin.
Le parti de Tsipras, expurgé de ses opposants
internes, est arrivé en tête des suffrages, mais en perdant 600 000 voix
et n’ayant pas de majorité absolue.
Les autres partis n’ont pas fait mieux, tous ont perdu des voix.
Seul le nouveau parti de gauche, issu des opposants
internes de Syriza, a gagné, mais loin de ce qu’il escomptait, et ne
pouvant en aucun cas constituer une alternative crédible.
L’extrême droite d’Aube dorée n’a quasi pas ou peu progressé
Tsipras a tout de suite reconstitué la même
alliance gouvernementale avec le parti de droite nationaliste des Grecs
indépendants.
Syriza et Tsipras ont vite très vigoureusement
évincé toute forme de contestation interne, dans le parti comme au
Parlement. Ainsi, même sur le site web du parlement ont été effacées
toutes les mentions relatives au travail important d’audit
de la dette publique.
D’octobre à aujourd’hui, se sont déroulés ensuite
plusieurs épisodes de négociation sur la mise en vigueur du nouvel
accord passé avec les créanciers, ceux-ci examinant à la virgule près
toutes les dispositions mises en œuvre en Grèce.
D’une part le parlement a été sommé de voter ,
parfois en une journée, des textes nombreux dont il avait à peine le
temps de prendre connaissance – pratique vivement dénoncées jadis par
Tsipras et Syriza lui-même.
D’autre part, l’accord de l’été donne aux
créanciers un droit de regard et d’autorisation sur toute mesure adoptée
par le gouvernement grec « dans les domaines visés par l’accord et
susceptible de concerner financièrement celui-ci », ce
qui veut dire qu’à peu près toute la politique économique, sociale,
fiscale, etc… est concernée. C’est donc une mise sous tutelle effective
et très ample de la Grèce.
Chaque tranche de nouveau financement est délivrée
par les créanciers seulement s’ils ont préalablement donnée leur aval
sur les mesures à mettre en œuvre.
Les avis divergent sur ce que Tsipras et son gouvernement sont capables de faire dans un tel contexte.
Pour les uns, Tsipras a carrément renoncé à toutes
ses promesses et trahi ses électeurs. La catastrophe sociale et
économique va se poursuivre au risque, et cette fois sera la bonne, de
voir émerger l’extrême droite dans un chaos grandissant.
Une variante de cette approche est la désertion de
la scène politique , économique et sociale de larges pans de la
population cherchant, dans l’illégalité , le noir ou le gris, de
multiples alternatives de vie et survie (sans oublier la
poursuite de l’émigration).
Pour d’autres par contre, Tsipras et son
gouvernement essaient et réussissent parfois à limiter au maximum la
casse, dans un contexte évidemment d’avance très défavorable, et c’est
surtout lorsque viendra (en principe sous peu, si ça arrive…)
une renégociation de la dette, qu’on verra le bilan global de la
stratégie de Tsipras, qui serait la seule possible dans l’état actuel
des choses.
Les dernières nouvelles ne sont pas
particulièrement réjouissantes pour Tsipras (et pour ls grecs…) . S’il a
obtenu, dans toutes ces négociations de l’automne, quelques
concessions, les créanciers sont toujours restés vagues sur le début
d’une renégociation de la dette.
Selon un Ministre, ils attendaient les élections espagnoles, ne voulant pas donner des idées de ce côté-là.
Par ailleurs, les résultats économiques du troisième trimestre sont mauvais.
Enfin, cerise sur le gâteau (si on peut dire),
alors qu’un argument important de la posture de Tsipras - « je limite la
casse et défend les plus faibles » - était le plan qu’il défendait
comportant une série de mesures relatives à des minimas
de survie , ce plan vient d’être impitoyablement recalé par les
créanciers. C’est l’objet de l’excellent article d’Angélique Kourounis
que vous trouverez ci-joint en trois documents attachés, ainsi que du
très complet article sous ce lien :
Alexis Tsipras a renoncé à faire voter un "contre-programme". (Crédits :
REUTERS/Yannis Behrakis) Sous la menace des créanciers, le gouvernement
grec a renoncé ...
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qui vous permettra aussi une bonne récapitulation.
Par ailleurs, vous trouverez sous ce lien :
CADTM, Comité pour l’abolition des dettes illégitimes ... Cette étude
démontre que la crise grecque qui a éclaté en 2010 est d’origine
bancaire privée.
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une série d’articles , engagés mais toujours intéressants, qui permettent de reconstituer ces derniers mois.
Trois publications à relever :
-
Un nouveau rapport de l’ONU sur les infractions aux droits humains, économiques et sociaux en Grèce
-
Un ouvrage qui semble un récapitulatif remarquable de ces 5 dernières années
-
Enfin, le numéro 8 de la publication « les Possibles » , consacré à la Grèce,
https://france.attac.org/nos- publications/les-possibles/ numero-8-automne-2015, au sein duquel
je vous recommande l’article « Sortir la Grèce de l’impasse : pour un modèle de développement des activités productives » de notre ami
Gabriel Colletis .
Bien à tous et excellente année quand même…
Marc Molitor
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